Le monde est petit et je ne cesse de me le dire. C'est lors de mon dernier rendez-vous avec ma coiffeuse que j'ai été amené à parler du crowdfunding. C'est vraiment le dernier endroit où je pensais pouvoir avoir une conversation de la sorte. Celle-ci, connaissant mon activité professionnelle et mes penchants pour les 0 et les 1, m'a informé que je devrais bien m'entendre avec son fils qui avait les mêmes hobbies que moi. J'en viens vite à apprendre donc que le dit fils n'était autre que l'un des fondateurs de Ulule, plateforme française de crowdfunding. Woh. Je connaissais de nom et je savais ce qu'était le principe du crowdfunding, j'avais lu deux-trois articles sur les avis de la population et des gouvernements sur cette "nouveauté" mais je ne me suis jamais vraiment trop arrêté sur le sujet. C'est l'occasion !

Crowdfunding | Rocio Lara (CC-BY-SA 2.0)
C'est quoi ?
Si on s'intéresse à l’étymologie du mot, on peut alors le décomposer en deux mots : crowd = la foule et funding = le financement. Cela devient alors très clair : il s'agit du financement par la foule. Ok, mais pour quoi faire ? Pour financer un projet. Pas de types de projets définis, pas de cases à ne pas dépasser. Du moment qu'on reste dans le légal.
Les projets de crowfunding qui ont fait le plus parler du procédé ces dernières années sont par exemple ceux qui ont permis à un artiste de sortir son CD (Grégoire et d'autres) , à un réalisateur de faire son film (Noob), à une console de jeux de voir le jour (Ouya) ou encore à Barack Obama de financer une partie de sa dernière campagne.
Qui a commencé ?

Punks in Berlin | Ioan Sameli (CC-BY-SA 2.0)
Pfiou, la bonne question ! Personnellement, je pensais que ça datait des années 1990. On y trouvait des punks un peu paumés dans des coins de rues pas trop fréquentables qui vous accostaient à l'aide d'un sympathique "Hey toi, t'as pas dix balles ?". De là, si vous acceptiez de leur donner les dis dix francs, en un sens vous participiez à leur cuite/défonce du jour. Bon, c'était ma version et elle satisfaisait ma curiosité.
Mais la version que tout le monde semble approuver (si l'on en croit Wikipédia) serait que ce principe soit apparu au court du 18ème siècle en faveur d'actions de charité.
Puis, pendant un temps oublié ou du moins sous-exploité, le financement participatif revient de plus belle avec l’essor de l'Internet dans les années 2000 et également avec la Crise de ces dernières années.
Qui en sont les acteurs et comment marche la répartition du financement ?
Je ne vais me cantonner ici qu'aux principaux acteurs du Vieux Continent et surtout ... ceux que je connais.
- Il y a donc comme précédemment cité le français Ulule, qui a entre autre amené cet article. Une équipe dynamique qui monte, monte et monte en ce moment dans l'hexagone et en dehors (la preuve j'en avais déjà entendu parlé en Suisse). Ils sont actuellement en plein tour de France pour rencontrer leurs potentiels clients et répondre à leurs éventuelles questions. Le coté humain de ce tour à l'air pas mal. Je crois qu'ils se sont aussi implantés en Espagne à Barcelone. Pour ce qui est de la part qu'ils prenne dans un projet qui abouti, elle varie en fonction de la hauteur du financement et du mode des paiements(CB, chèque ou PayPal). Elle peut aller de 2 à 8% du financement selon ces différents facteurs. Ils ont récemment passé les 3000 projets financés. Vous pourrez remercier vos contributeurs uniquement en nature (rencontres, bien matériel lié au projet, ...). Les coupons de réductions ou autre contreparties financières sont interdites avec Ulule.
- Parlons également de KissKissBankBank (KKBB) qui a déjà de beaux jours devant lui. Il a en effet été lancé en mars 2010 et compte aujourd'hui quasiment 5000 projets aboutis. Ils ont réussi à sortir de l'Hexagone et à s'implanter dans 38 autres pays. Si vous les choisissez comme plateforme de financement participative, sachez qu'il faudra leur céder 8% des fonds collectés si votre projet abouti. Pour ce qui est des contreparties pour remercier vos donateurs, là vous serez totalement libre de choisir. KKBB se réserve toute fois le droit de véto sur vos requêtes si celles-ci s'avèrent farfelues.
- MyMajorCompany, c'est l'ogre du crowdfunding en France. Ils ont été parmi les premiers à se lancer en 2007 et le succès a croisé leur route. Leur pub s'est en partie faite grâce à deux énormes réussites : Grégoire et Joyce Jonathan. Depuis ils ont carrément fait une branche entière pour la musique : MMC Label. C'est le seul site où j'ai pu voir qu'on parlait de "frais de gestion" imputés si le projet soutenu n'arrivait pas à son objectif ou si vous décidiez de retirer votre aide financière. Ça vaut le coup de le mentionner. Ce qui a également fait la force de MMC c'est aussi et surtout, je pense, que les investisseurs peuvent avoir un retour sur investissement. C'est pourtant dommage, et écrit dans leur FAQ noir sur blanc, car à la base lorsqu'on soutient un financement participatif ce n'est pas dans un but lucratif. Mais il faut croire que la satisfaction du devoir accompli ne suffit plus pour certains.
- Kickstarter, plateforme américaine leader incontesté du marché. Fort de ses 60 000 projets lancés depuis 2009 et de leur 350 millions de dollars soulevés (chiffres 2012) c'est la référence incontestée pour le crowdfunding. Intéressante donc si vous souhaitez directement toucher l'international et que vous aimez l'esprit usine à gaz. La plateforme vous ponctionnera de 5% des fonds levés si votre projet abouti. Viendra s'ajouter à cela les 3 à 5% qu'Amazon se réserve sur les paiements réalisés par cartes de paiements (car Kickstarter n'autorise que les paiements par cartes de crédit, bon à savoir). Et de ce que j'ai compris, pas question d'être récompensé financièrement pour les souteneurs du projet.
Enfin il sera intéressant de regarder le top 100 des start-up ayant levé le plus d'argent grâce au crowdfunding. Une écrasante majorité vient de Kickstarter et on retrouve beaucoup d'entreprises dans le secteur du jeux vidéos qui profite énormément de ce moyen de financement. Cela est sans doute dû au fait que les banques sont de plus en plus frileuses a prêter pour de l'amusement en temps de crise. J'espère qu'ils s'en boufferont les c*******.
Les lois autour de tout cela ?

The Law | smlp.co.uk (CC-BY 2.0)
Quand vous participez à un projet, vous n'obtenez pas de parts de propriété intellectuelle sur ce projet. Vous obtenez des contreparties. Suivant la plateforme choisie celles-ci varie. Cela peut aller d'un simple remerciement avec votre nom sur le pochette de l'album musical qui a vu le jour grâce à vous, à un pourcentage sur le nombre de vente de celui-ci.
Et c'est là que cela se complique. C'est d'ailleurs très bien expliqué sur la FAQ de MMC et on comprend enfin pourquoi ce type de financement de projets peine à percer en France. Dès que vous recevez une contrepartie financière suite au financement d'un projet, vous devrez la déclarer aux impôts comme un revenu d’activité. De la paperasse donc, et vous je sais pas, mais moi je déteste ça. D'ailleurs si ça vous intéresse, l'Autorité des Marchés Financiers a publié le 14 mai 2013 un guide du financement participatif à destination du grand public.
Bref, ce n'est pas pour ça que je n'utiliserai pas les plateformes de crowdfunding puisque ce n'est pas leur but premier, mais pour beaucoup cela s'arrête là. Peu de chance de gagner quelque chose et en plus des complications administratives si on arrive à toucher un ou deux billets.
En France et au niveau de l'Europe c'est en train de bouger au niveau des lois. Nos politiciens, toujours en avance sur leur temps, s'intéressent enfin à la chose. Ce qui est remarquable, c'est que pour une fois ils semblent aller dans le bon sens dans un désir d'encadrement spécifique au crowdfunding dans le but de leur venir en aide et d'encourager le principe dans les années à venir. À suivre donc.
Mon avis
Suite à toute cette veille pour écrire l'article j'ai pu me faire vraiment mon opinion sur la chose, et c'était le but premier.
Je pense que ce système n'est pas un mal, cela permet à des personnes de se lancer dans des projets qui leur tiennent au cœur sans pour autant vendre leurs âmes et leur propriétés intellectuelle à de grandes entreprises peu scrupuleuses et avides d'argent. La prise de risque est minime, du moins au lancement et ça aussi c'est un plus car ça ne marche pas toujours. Je trouve également que le fait de se rendre indépendant des banques et de ne plus à avoir à pleurer pour un prêt que vous n'aurez pas toujours est aussi un bien.
Après, pour ce qui est du choix de la plateforme à adopter, j'ai envie de dire que c'est un peu comme avoir à choisir entre un OS : Windows, Linux ou Mac OS ? Chacun aura son avis, chacun aura ses raisons. Le tout est de les respecter et d'arriver à la finalité.
Et si enfin mon avis vous intéressait et sans avoir d'actions dans la société ni d'avantages à vous dire ça : pour moi ça serait Ulule pour leur philosophie et leur esprit familial.
Il ne me reste plus qu'à trouver un projet à proposé...
Épilogue helvétique
Je voulais aussi voir ce qu'il en était en Suisse. Mais comme je le présentais, les plateformes se font plus rares et peinent à convaincre les confédérés. C'est sûrement propre au pays où il n'est pas dur (comprendre "moins que...") de se lancer dans son projet. Les banques sont moins frileuses qu'en France par exemple. Ça fait partie aussi de la culture du pays où on encourage les personnes à se lancer, au pire c'est l'échec et on retourne à un travail plus conventionnel. On aura au moins essayer. Et puis la Crise n'a pas été aussi dure ici, du moins pas encore.
Cet article décrit assez bien l'état général du crowdfunding en Suisse. Bonne lecture.
Max
novembre 5, 2013 à 11:43
Salut,
T'as déjà participé à des financements de projets en crowdsurfing ?
Perso j'ai déjà sauté le pas via Ulule pour deux qui ont marché et un qui a buggé.
Yo
novembre 5, 2013 à 12:41
Salut Max,
Alors non je n'ai pas participé à des financements de CROWDSURFING (?!?)
Pour ce qui est du CROWDFUNDING, non aussi. Mais si je vois un truc qui m'intéresse et qui selon moi mérite de voir le jour, je n'hésiterai plus maintenant.
Quand tu dis "qui a buggé" c'est que le projet n'a pas eu assez de financement c'est ça ?
Max
novembre 5, 2013 à 1:14
LOOOOL
Houlà, je pense mélange entre couchsurfing et crowdfunding, mais ça sonne classe quand même le crowdsurfing, je pense qu'on tient un bon nom pour un concept à développer.
Reste à trouver le concept.
Et donc oui, projet qui a pas eu assez de financement.
Dommage.
Yo
novembre 5, 2013 à 1:23
Ok.
Pour ce qui est du crowdsurfing, ca existe déjà : http://en.wikipedia.org/wiki/Crowd_surfing
C'est ni plus ni moins qu'un slam en plein concert
Rien à voir donc avec le crowdfunding